Falco
L’humour comme art mur
À tout juste 25 ans, Falco trace sa route dans le monde du street art (art urbain). D’Amsterdam à Londres, en passant par Berlin et Prague, l’artiste a apposé ses pochoirs un peu partout en Europe mais c’est à Cachan qu’il s’est installé récemment. Depuis qu’il s’est lancé dans le street art, Falco estime à une centaine le nombre de murs sur lesquels il a peint, mais jamais la nuit. Si certains aiment cette ambiance pour l’adrénaline qu’elle procure, lui déteste. « Contrairement à la plupart des graffeurs, je préfère m’exprimer en plein jour, à la vue de tous », confie-t-il. Très respectueux, il travaille ses pochoirs sur des murs délabrés avant de jouer avec leur histoire et leur redonner vie.
L’art du détournement
Coller au contexte, à l’endroit où est placé le dessin et faire le lien entre le lieu, le message et l’œuvre, c’est le sens de la démarche artistique de Falco. En effet, il aime détourner en redéfinissant ce qu’il a vu dans la rue, à l’image de son œuvre What a wonderfuel world, une peinture librement inspirée de Jean-Baptiste Greuze, qui a pour sup – port une cuve de station essence. Car son style repose d’abord sur une lecture nouvelle de l’histoire de l’art et des classiques. « Si cette peinture avait été réalisée aujourd’hui, voici comment elle aurait pu être », explique-t-il. Le détournement de tableaux, d’images ou de logos constitue le cœur de son travail. « Je tire mon inspiration de Boltanski, Joseph Beuys, Sophie Calle ou de ready-mades* de Marcel Duchamp, davantage que Banksy, le pochoiriste britannique le plus médiatisé du moment. Leur découverte, à la fac, m’a décomplexé et a déconstruit ma perception initiale de l’art. J’ai appris qu’il existe d’autres référentiels pour construire son identité d’artiste », précise celui pour qui la Covid, loin d’être un frein, a été un accéléra – teur dans son travail. « Pendant les confinements, je me levais tôt. Je dessinais sur tous les supports trouvés dans le garage de mes parents. La crise sanitaire m’a permis de mûrir et développer mon approche. » Une fois le confinement levé, Falco s’est exercé dans les rues d’Annecy, dont il est originaire. Mais la démarche est mal perçue. Il choisit alors de s’établir en région parisienne, plus ouverte et sensible à l’expression de l’art urbain.
L’esthétique au service du message
Après un rapide passage à Asnières, Falco a déposé ses valises à Cachan en mai dernier. « J’ai investi La Pampa, un tiers-lieu récemment créé à Cachan. Là, je peux échanger avec des photographes, des artistes ou encore des associations. Je multiplie ainsi les contacts ». Falco vient ainsi d’animer des ateliers d’initiation au pochoir et à la bombe pour les enfants dans le cadre du dispositif Crock’Art, initié par la Ville. De même, le 1er juin, lors de la Nuit blanche, il peindra en direct sur le mur de L’Orangerie avant d’y être sans doute exposé. « Je me sens bien à Cachan. En l’espace de trois mois, mon travail a été remarqué et j’ai pu nouer des contacts », se réjouit le street artiste qui se sert de ses œuvres pour interpeller, toujours avec une pointe d’humour et d’ironie, y compris lorsqu’il s’attache à des sujets liés à des faits d’actualité plus graves comme celui des réfugiés. Derrière ses tracés habiles effectués à la bombe de peinture, le message prend tout son sens. Et même s’il est adepte de « l’art qui provoque, dénonce et ques – tionne », il n’a « plus envie d’évoquer la misère par des dessins agressifs », précise celui qui a choisi Falco pour nom d’artiste. En effet, il ne veut pas communiquer sur son identité, comme il est d’usage dans le milieu. Dans ses créations, collaborations et prestations, il veut d’abord et avant tout que son art parle à sa place !
L’actualité de Falco sur son site falcocrea.com et son compte instagram @falco.crea
Bio express
2021 : Se lance comme artiste
2019 : Premier pochoir, à l’origine simple médium, pour matérialiser ses illustrations réalisées sur tablette graphique
2016 : Licence en art et communication à l’université Savoie Mont Blanc de Chambéry, où il apprend l’histoire de l’art
2013 : Premières réalisations avec son nom d’artiste sur stickers et t-shirts
1998 : Naissance à Annecy