Liliane Younès
Grandeur Dame
Née de père italien et de mère anglaise, en Tunisie, Liliane Younès dit “avoir des racines un peu partout”. Mais depuis 52 ans, c’est à Cachan qu’elle cultive ses engagements pour le progrès social et l’école de la République. F idèle à son engagement laïque et humaniste, Liliane Younès, 87 ans, ne lâche rien. Surtout en ces temps tourmentés. Sa voix est claire. Son esprit vif. Toujours très impliquée dans la vie de sa ville, elle a pris la tête des Ateliers du Val-de-Bièvre après le décès de Marcel Breillot, « sans l’avoir vraiment choisi ». Disons que son nom s’est imposé, au vu de sa connaissance de Cachan et de son engagement sans faille pour faire rayonner la culture et le savoir.
Racines multiples
Conformément aux valeurs du Comité laïcité république (CLR), dont elle est encore adhérente, elle « refuse le populisme qui flatte le peuple pour l’égarer. » Un investissement sans doute lié à son expérience d’institutrice en Tunisie où elle a eu en charge deux classes de CP de 52 élèves chacune. « Une le matin, l’autre l’après-midi, 6 jours sur 7. Je leur enseignais le français, eux m’apprenaient l’arabe », se souvient l’énergique octogénaire « partie de rien pour tout. » Après trois années d’enseignement, elle décide d’intégrer une faculté de droit, décroche sa maîtrise, puis est recrutée au service documentation de la Société tunisienne de banque. « Mon profil intéressait le directeur parce que je parlais français, italien et anglais. » Elle a 30 ans lorsque la guerre des Six Jours éclate. « Face aux débordements dans les rues de Tunis, nous décidons de tout abandonner et de partir. » Son mari part en premier et Liliane le rejoint à Paris à l’automne 67 avec leurs deux filles. Fin 68, de nombreux centres d’études universitaires sont créés, comme celui de Sceaux dont elle rejoint la bibliothèque en tant que conservateur contractuel. C’est là qu’elle adhère à la MGEN (mutuelle) avant d’en devenir bénévole « pour aider les nouveaux agents du service public à choisir une mutuelle. À la pointe sur les questions de progrès social, elle incarnait selon moi le véritable esprit mutualiste. »
L’engagement à cœur
À la naissance de leur troisième fille, en 1971, le couple s’installe à Cachan. Un an plus tard, la famille obtient la nationalité française. En 1974, assistant au débat télévisé qui oppose, entre les deux tours des présidentielles, François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing, elle se passionne pour la notion de progrès social. Si elle ne peut pas voter, faute d’avoir été inscrite sur les listes électorales, elle décide lorsque les résultats de cette élection tombent, de s’engager. Elle vote pour la première fois aux élections municipales de 1977 et se présente sur la liste de Jacques Carat. Elle est élue conseillère municipale, puis deviendra adjointe au maire chargée de la lecture en 1989. La lecture est en effet un fil rouge de son parcours et de son engagement. De 68 à 92, elle se bat pour la modernisation de la bibliothèque universitaire de Sceaux, où elle finit par être titularisée. Parallèlement, elle contribue au développement des bibliothèques de sa ville, Cachan, notamment avec le projet de la médiathèque qui passe de 100 m2 à 2000 m2 ! L’agrandissement des bibliothèques Lamartine et La Plaine suivra. Après 31 ans au service des Cachanais, elle est aujourd’hui déléguée départementale de l’Éducation nationale. Elle assure la médiation et la coordination entre enseignants, parents, municipalité et services académiques pour « le bien-être des enfants avant tout ». Moralité, que ce soit pour le progrès social ou pour l’école de la République, ses engagements ont toujours ce trait d’union commun : la défense de la laïcité.
Bio express
2015 : nommée au grade de Chevalier de l’ordre national du mérite.
1992 : nommée conservateur de bibliothèque.
1977 : elle vote pour la première fois et devient conseillère municipale à Cachan.
1972 : elle obtient la nationalité française.
1967 : arrivée en France.
1937 : naissance à Tunis.