Marie-Luce Grossard habite Cachan depuis plus de 20 ans. Ancienne enseignante à la fondation Vallée, à Gentilly, elle vient de créer Maarie G, sa marque de streetwear. Avec des jeunes de son quartier, elle a organisé un défilé de mode en février dernier.

Dans son appartement du quartier du Coteau, Marie-Luce Grossard effectue les dernières retouches avant le lancement de Maarie G, sa marque de vêtements. C’est là, qu’entourée de machines à coudre, cette styliste cachanaise conçoit les modèles de sa future collection de streetwear. Ce style vestimentaire lui ressemble et lui offre un espace de liberté. « Avec le streetwear on peut tout faire, confie-t-elle. Et puis, je suis de la génération du hip-hop et du skateboard. J’ai grandi avec NTM, IAM, Snoop Dogg… Toute cette culture populaire a marqué ma personnalité. » Ses carnets de travail révèlent son univers et sa technique. « Je pratique le patchwork que j’appelle Broken [brisé en français], indique-t-elle. J’aime assembler sur mes créations des éléments cassés. C’est un message d’espoir. Face aux difficultés de la vie, nous pouvons toujours rebondir si on est bien entouré. » Une démarche qui fait écho à son parcours.

C’est dans les années 70, au collège de Pontoise, que Marie-Luce a découvert la couture grâce à une professeure de dessin. Celle-ci l’a éveillée à cette activité manuelle. « Sa façon d’enseigner me plaisait. Ce fut un déclic », soulignet-elle. Puis, au début des années 80, rentrée avec sa famille dans sa commune natale du Moule en Guadeloupe, elle poursuit ses études au lycée et s’oriente vers les métiers du tourisme. Mais la couture est toujours là. De fil en aiguille, elle passe son temps libre à confectionner sa garde-robe. « J’avais besoin de créer de mes propres mains. Je customisais sans cesse les vêtements de mon arrière-grand-mère pour les porter. » Après avoir occupé pendant deux ans un emploi de déclarante en douane, elle décide de suivre une formation chez Charlie Will, un célèbre styliste guadeloupéen. Le stage terminé, elle passe un certificat d’aptitude professionnelle Métiers de la mode en candidate libre. Aboutissement de son parcours, elle ouvre son propre atelier. Pendant 15 ans, cette mère de trois enfants y confectionne du sur-mesure. Puis Marie-Luce décide de remettre son ouvrage sur le métier. « J’avais envie d’enseigner et de transmettre mes connaissances », confie-t-elle. Elle s’installe à Paris en 2003 et reprend, à 37 ans, ses études. À la Sorbonne, elle décroche une licence puis un master des sciences de l’éducation et devient professeure spécialisée dans les métiers de la mode à la fondation Vallée, un centre hospitalier de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à Gentilly. Auprès d’enfants présentant des fragilités plus ou moins importantes, elle s’attache à leur faire découvrir les arts manuels, à marier les couleurs et les formes. « Ce n’est pas un métier facile, indique-t-elle émue, mais j’y ai vécu de très beaux moments. J’ai vu certains élèves s’éveiller grâce à l’expression artistique. »

Riche de cette expérience dans cet établissement, elle décide, en 2023, de relever un nouveau défi. Elle se lance dans l’entreprenariat et fonde sa propre marque de streetwear : Marie G. Marie-Luce vit depuis plus de 20 ans dans le quartier du Coteau à Cachan, une ville qu’elle aime pour son calme et dans laquelle elle s’est investie que ce soit au sein d’associations locales ou en donnant bénévolement des cours de couture pour les habitants. Comme quoi, couture et générosité aident à tisser des liens. En février dernier, Marie-Luce a présenté sa collection à la grange Gallieni. Elle a souhaité que des jeunes du quartier soient les mannequins de son défilé. « Je les connaissais toutes et tous car ils ont grandi avec mes enfants, précise-t-elle. Ils ont assuré, d’autant qu’ils n’ont pas eu de répétitions. Qui plus est, ma collection leur a plu. C’est sans aucun doute ma plus belle reconnaissance. »

2024 : fonde Maarie G, sa marque de streetwear
2003 : devient enseignante spécialisée dans les métiers
de la mode à la fondation Vallée, à Gentilly
1986 : stage de découverte auprès du styliste Charlie Will
1977 : découverte des arts manuels à Pontoise
1966 : naissance en Guadeloupe