Martin Lichtenberg
Les effets très spéciaux des mots
Martin Lichtenberg, Cachanais, publie La Roche, un premier roman vertigineux. À 27 ans, ce génie de la langue a imaginé un univers dystopique, à mi-chemin entre Tolkien et Damasio. Du jamais lu.
Si vous ne l’avez pas croisé à Cachan lorsqu’il était étudiant, vous l’avez peut-être vu plus récemment sur certains plateaux de télévision ou entendu sur France Inter. Le 21 février dernier, il était l’invité de Mathilde Serrell dans sa chronique Nouvelles têtes. Depuis, Martin Lichtenberg enchaîne les promotions pour la sortie de La Roche. Un premier roman indéfinissable entre littérature d’anticipation et conte poétique. Le jeune homme arpente aussi salons et festivals, à défaut de tourner des films… pour le moment. Car l’auteur est aussi régisseur à ses heures, en attendant de pouvoir vivre pleinement de sa plume. Son but ultime.
Une écriture bien ancrée
384 pages et trois ans de travail : c’est certain, ce premier livre n’a pas été écrit sur un coup de tête ! « La volonté d’écrire est très ancrée en moi. Depuis mes 20 ans, et même avant, toute ma vie s’est déployée autour de cette activité », indique le jeune écrivain. C’est en quatrième, au collège Paul Bert, qu’une professeure de français lui donne le déclic, même si l’histoire ne s’est pas vraiment passée comme dans les films… « En réalité, je devais écrire une nouvelle fantastique, à la façon de Maupassant. J’ai adoré faire ça. Et ma prof a adoré me lire. Tellement, qu’elle a reporté son appréciation sur mon bulletin trimestriel. » Plus tard, au lycée Gustave Eiffel, Martin se met à écrire de la poésie. Par paquets. Puis, pour inventer ses propres images, il se tourne vers des études de cinéma à l’université Panthéon-Sorbonne. « La Roche est d’ailleurs d’inspiration plus cinématographique que littéraire, même si je préfère l’imaginaire procuré par les livres. En fait, ce conte d’anticipation est une ébauche de scénario. Pendant deux ans, je n’ai cessé de faire des allers-retours entre le livre et le scénario. Chaque phrase que j’écrivais, je la voyais en image. » De bonnes bases pour une adaptation cinématographique, qui serait un peu le graal. Qui sait ? Et la boucle serait bouclée…
Créer un ailleurs avec la langue
Parmi ses sources d’inspiration, Claude Ponti, qui l’a marqué dès son enfance, mais aussi les dialogues et l’univers de Prévert et Grimault pour Le Roi et l’oiseau, avec leurs pirouettes de mots. Suivra Damasio, célèbre écrivain de science-fiction. Comme chez ce dernier auteur, la question de l’écologie est l’une de ses préoccupations, à l’image aussi de sa génération. « Elle se fait sous-jacente dans La Roche », confie-t-il. Avec Damasio, il partage encore le même amour des mots qui « virevoltent et percutent ». Il a même imaginé un monde et des langues qui lui sont propres, un peu à la Tolkien. « Cette passion de la langue française, au-delà de la littérature, vient, je pense, de mon éducation », explique-t-il. Un père professeur de mathématiques, une mère avocate. Quand il ne fait pas de régie pour le cinéma, Martin travaille pour Le guide du Routard. Logique pour ce voyageur au long cours. D’abord accompagnant, il termine la rédaction de son premier voyage en Irlande. Si les missions de régisseur et de rédacteur sont pour lui alimentaires, l’écriture reste le dénominateur commun de ses emplois. Pas facile toutefois de trouver un équilibre entre ces missions – il faut bien gagner sa vie – et sa passion. « Je ne peux pas me permettre d’être salarié. J’ai besoin de temps pour écrire. Cinq heures quotidiennes en moyenne. » Après la remise de sa copie au Routard, Martin Lichtenberg compte bien se plonger dans l’écriture de son deuxième roman, pour lequel il est déjà à l’œuvre : « Il se passe dans un monde qui se rapproche du nôtre, dans une société qui a légalisé l’euthanasie, avec des entreprises privées qui rendent la chose plus glamour. » Suspens…
Bio express
2024 : publication de La Roche aux éditions Héloïse d’Ormesson
2018 : voyage de sept mois en Asie
2017 : obtention d’une licence en cinéma et première expérience sur le tournage du film Tout le monde debout de Franck Dubosc
2009 : première nouvelle Le nain de jardin
21 juin 1996 : naissance à Paris